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Symbole BDSM

À propos de Subspace, la jouissance de la soumise ?

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Je n'aime pas tomber dans ce travers de sémantique qui consiste à déclarer arbitrairement : « le bondage ce n'est pas du SM, c'est… », « Un vrai Maître doit… », où chacun tente naïvement d'officialiser ses propres vues sur tel ou tel sujet en les décrétant soudain définition universelle. À cette attitude, je préfère celle qui consiste à lancer un plus modeste : « ce que j'aime, dans le bondage… », moins revendicateur, qui contribue à ouvrir le débat plutôt qu'à le fermer.
Le 24 novembre 2002, j'ai publié un article nommé « Subspace, la jouissance de la soumise ? », dans lequel je couchais mes réflexions sur la notion de subspace. Ce texte a, depuis, été joyeusement repris ici et là, dans son intégralité, sans jamais me citer… peu importe ; que l'on m'en accorde ou non le crédit, je serais toujours flatté de voir mes digressions utilisées (au sens premier du mot utile s'entend)… si je les jugeais pertinentes moi-même. Or, ce n'est pas nécessairement le cas pour la première version de Subspace…

Cet article, je l'avais rédigé pour Fallen Angel, après avoir collecté opinions et témoignages parmi mes relations fétichistes de l'époque, et les avoir soumis au filtre tout à fait arbitraire de mes opinions personnelles sur la question.
Par relations fétichistes, j'entends toute la bande de joyeux drilles fondus de BDSM que je fréquentais à l'époque, et avec qui nous organisions des soirées, des rencontres coquines, des voyages et hébergements pour des rendez-vous compliqués ou des repas tout simples… une quarantaine de personnes au total, qui se prenaient autant au sérieux que les appellations MeDeF-MA (Maîtres et Dominants en Folie – Maîtres Associés) et CGS (Confédération Générale des Soumises) ne pourrait le laisser entendre, et dont les conversations croisées contribuaient malgré cela à réellement faire progresser le débat.

Par un phénomène aisément compréhensible (je me pardonne, en clair) d'entraînement collectif, j'en était venu, dans mes documents d'alors, à utiliser communément des termes et expressions qu'aujourd'hui je réprouve (séance, détruire une soumise, etc.), d'autres que je relativise (maître, soumise, dominateur, dominant…), et enfin, tous ceux que j'ai appris à mieux orthographier (comme une fraction de seconde, qui n'appelle vraiment pas d's à seconde). J'ai donc revu tous ces détails, pour les mettre au goût de mes pensées actuelles, et j'en ai profité pour développer et expliquer la référence à Milgram, trop imperceptible dans le document original… (une note à ce propos : si j'ai étudié les expériences de soumission à l'autorité du susdit, si j'ai lu La domination masculine de Bourdieu, etc. ce n'était aucunement dans un contexte ou une motivation SM. Il faut veiller ici à ne pas confondre les genres)

Le texte lui-même m'est apparu décousu par endroits, mal rédigé à d'autres, aussi me suis-je attelé à la tâche stupide qui consiste à rafistoler ce qui déplaît… tâche ardue s'il en est (mieux vaut tout recommencer, en général), d'autant que la notion même de subspace me passe désormais largement au-dessus de la tête.
Or, par un phénomène heureux, ce travail de réécriture a eu pour effet de me donner à réfléchir sur les expériences vécues depuis 2002 avec mon aristochate… et force me fut de constater que si nous n'avons, je crois, jamais discuté ensemble de ce fameux subspace, elle s'en est trouvée victime (consentante) plus d'une fois – et moi tout autant.

L'exemple le plus frappant qui m'est venu à l'esprit mérite d'être cité ici. Il concerne justement un passage de cette soirée au Lou-Bar que j'ai mise en photo… l'ambiance était particulièrement calme, nous aussi, mais sur la table de gynécologue, les choses ont soudain basculé.
Le subspace de la soumise déclenche-t-il celui du dominant ; est-ce plutôt un phénomène simultané, ou réciproque ? Je ne sais pas… toujours est-il que soudain, j'ai senti ma scarlett devenir… très obéissante. Cela tenait à de petits riens, d'autant que ses mouvements étaient limités, mais le changement était réellement perceptible, tant dans ses réactions que dans son regard. Des personnes étaient là qui nous regardaient, et leur présence ne l'empêcha pas de suivre mes indications pour oser obtempérer à des injonctions auxquelles, même dans l'intimité, elle aurait quelques réticences à se plier. Des détails, peu importants en apparence, mais qui ne m'échappèrent pas… elle obéissait presque trop ; non qu'elle devança mes consignes, elle les mettait plutôt à exécution avec un zèle aussi particulier qu'osé.
Pour ma part, j'en vins à ignorer les inconnus qui nous environnaient – dont j'avais pourtant très conscience… mon joli pantalon en cuir de DomDom tomba au sol, et je pris mon aristochate sur la table.

Plusieurs fois, après cet épisode, ma tendre complice me répéta ces mots : « tu sais, à ce moment, sur la table… tu aurais pu me demander beaucoup. J'aurais été prête à vraiment beaucoup de choses ». Chaque fois, en les prononçant, elle me lançait un regard empreint d'inquiétude, de fierté et d'accusation.
Rétrospectivement, je pense que ce soir-là, nous avons marché au bord du vide. Nous nous sommes procuré les délices du vertige, sans les séquelles de la chute – et ce moment fut extraordinaire. Ce qui nous a empêchés de tomber ? Ma peur, je crois. Un court instant, j'ai eu peur d'elle. J'aurais pu, comme c'est l'usage, en tirer un sentiment de provocation… mais quand on aime, je le comprends aujourd'hui, la peur de l'autre devient une peur pour l'autre.

Khayyam,
le 8 janvier 2006


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