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Symbole BDSM

Tourments, tortures et caresses SM...


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...même pas avec une rose...

J’aurais aussi bien pu intituler cette section « Tortures », ou « caresses », dans la mesure où l’on n’aurait lu dans ces termes, tout comme dans celui de « Tourments », rien d’autre que ce que l’on souhaite y trouver – à l’opposé de ce que j’aurais, moi, voulu y placer.
Explication, donc…

La douleur, en soi – qu’il s’agisse de la ressentir ou de la procurer – me paraît sans intérêt. Souffrir, c’est désagréable. Provoquer la souffrance en l’autre n’est pas pour moi source de plaisir : ma satisfaction sexuelle passe, au contraire, par le sentiment d’apporter le bonheur à celle que j’aime (« La jouissance masculine est pour une part jouissance de la jouissance féminine » – Bourdieu, La domination masculine).

Il ne s’agit pas ici d’un discours à la langue de bois destiné à faire l’apologie du SM. Je ne parle que pour moi, et je suis ainsi fait : si ma partenaire prenait son pied dans la douleur, je ne crois pas, que je serais capable de subvenir à ses envies…peut-être, tout simplement, parce qu’au fond de moi j’aurais l’impression de ne lui procurer qu’un bonheur fugace, superficiel et payé au prix fort, qui consiste à détériorer ce que l’on aime.
Alors, pourquoi cette liste d’accessoires tordus, pourquoi ces pages consacrées aux fouets ?

Prenons la roulette : les utilisations diverses qui peuvent être faites de cet accessoire étrange me paraissent un prétexte idéal pour développer ici mon rapport à la souffrance dans l’érotisme…
Il ne s’agit pas selon moi de procurer de la douleur, mais de l’appréhension – et au final, des sensations nouvelles bien loin de la souffrance, qui conduiront la partenaire à exacerber les messages que lui envoie son propre corps. En ce sens, la petite roulette remplit son rôle à merveille : une apparence d’instrument de torture médiéval, et des pointes qui semblent dangereusement acérées alors qu’elles sont, justement, émoussées comme il se doit – c'est-à-dire, suffisamment pour éviter de transpercer la peau, mais assez pointue pour procurer une sensation, très localisée, des plus inquiétantes.

« […] La jouissance ne provient pas de la seule sphère génitale, mais […] elle dérive tout aussi bien du jeu lui-même, des situations, des traitements infligés ou subis. C’est l’une des raisons pour lesquelles les pratiquants confirmés du SM éprouvent très rarement un sentiment de lassitude. Leur vie sexuelle n’est jamais limitée ou appauvrie par l’habitude. » (Krisis n°17, Sexualité ?, Sado-maso : Entretien avec Christine D.)
De là à prétendre que les rapports sadomasochistes seraient la solution miracle pour sauver les couples de l’ennui, il y a un pas que je ne franchirai pas. Mais si l’on admet qu’il existe mille caresses dans les jeux de l’amour, mille façons de percer les bulles individuelles pour se rapprocher de l’autre et lui communiquer les plus doux sentiments, alors je prétendrai sans pâlir que ce nombre peut encore être multiplié par dix si l’on adjoint à la chair des accessoires extérieurs. Des seigneurs japonais qui se faisaient orner le sexe d’un origami pour la parade du déballage nuptial de papiers-cadeaux jusqu’à nos plus modernes porte-jarretelles, de l’antique concombre à nos vibromasseurs multipostions, de la moyenâgeuse cérémonie du mariage en dentelles aux mises en scène du jeu BDSM, je ne vois que de louables usages destinés à prolonger et magnifier la communion entre deux êtres. Ce que les gens font de tout cela, c’est leur affaire. En matière de SM, on n’oublie jamais de dire que le meilleur peut côtoyer le pire… comme s’il n’en allait pas de même pour tous les domaines qui impliquent l’être humain.

P. Khayyam


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