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Symbole BDSM

Le safeword, préservatif du BDSM

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Ce document est rédigé à l'intention de toutes personnes ayant, de près ou de loin, un attrait pour les activités sexuelles de domination ou de soumission – cela quel que soit le niveau d'expérience en la matière.
Le but de ce texte, en dehors de son invite à la réflexion, est la sensibilisation du lecteur à l'impératif de prudence dans le jeu BDSM, et plus particulièrement à la prévention de certains risques à travers l'accord mutuel d'utilisation d'un safeword, ou code de sécurité.

Le terme de sécurité, rapporté aux pratiques sexuelles, évoque généralement à l'esprit les qualificatifs d' « ennuyeux », « rasoir », ou « barbant »… Mais celui qui apporte son véhicule au garage pour une révision avant de partir en vacances le fait justement pour avoir aussi peu que possible à se préoccuper d'incidents mécaniques lorsqu'il aura au-dessus de la tête un magnifique soleil d'été qu'il entend savourer. Les conseils donnés ici participent de cette même démarche : s'affranchir, autant que possible et à l'avance des questions de sécurité, pour mieux s'abandonner au jeu, à l'amour et au partage, et plus confortablement en goûter les mille délices.

Le contenu de ce document pourrait à priori sembler excessif, inadapté ou même, par certains aspects, effrayant à des partenaires inexpérimentés, débutant en la matière et s'estimant loin des « sphères SM »… il est, au contraire, rédigé précisément à leur intention.

La notion de safeword, connue de quiconque a fait un tant soit peu de recherches sur le web ou dans la littérature spécialisée, paraît être un sujet battu et rebattu au point que chacun croit en maîtriser tous les tenants et aboutissants sitôt passée sa première aventure dans le BDSM…
Quant aux personnes expérimentées, aguerries – et rassurées – par de nombreuses années de pratiques SM ou fétichistes, elles en viennent trop souvent à oublier certaines règles de sécurité qui, en plus de prévenir des dangers bien réels, leur permettraient parfois de repousser les limites du jeu, ou d'y trouver un nouveau départ… ce texte est écrit pour elles.

Un article ayant pour vocation la sensibilisation du lecteur à certains sujets se doit de n'être pas construit comme une suite de conseils, mais comme une base de réflexion. C'est ainsi que j'ai pensé le présent document, en utilisant pour fil conducteur la synthèse de mes connaissances en matière de safeword.
Mon but n'est pas ici de rallier le lecteur à ma cause – et peu importe, au fond, que celui-ci adhère ou non à l'idée du safeword telle que je la décris… ce texte aura merveilleusement rempli sa fonction si quelques personnes se lançant dans le jeu BDSM en considèrent – ou en exigent du partenaire – la lecture comme un pré-requis, une forme de : « j'ai été prévenu. »

Je dépose l'intégralité de ce texte sous licence Creative Commons by-nc-sa 2.5, ce qui donne à chacun le droit légal de l'adapter à ses besoins, le citer en totalité ou en partie, le diffuser, etc., pourvu que la publication se fasse aux mêmes conditions, dans un but non commercial, et en en citant la source. Je continuerai pour ma part à maintenir le document dans la version qui m'est propre, et, au besoin, à la faire évoluer.
À cet effet, je serai heureux de recevoir les éventuels commentaires, témoignages, remarques ou conseils suscités par cette lecture – un formulaire de contact anonyme est disponible, ainsi que mon adresse de courrier électronique, sur le site personnel dont le lien figure au haut de cette page.

Khayyam.



Introduction

Préambule

L'accord qui régit le rapport entre des partenaires s'engageant dans le jeu BDSM est souvent tacite… La personne qui va se soumettre dit silencieusement à celle qui s'apprête à la dominer : « je t'offre ma liberté, et je le fais de mon plein gré. Dès que j'aurai fini cette phrase, le jeu commencera, tu auras tous les droits sur moi, mon devoir sera de t'obéir aveuglément, en m'exposant à tout traitement que tu jugeras approprié. » L'action peut alors démarrer ; le passage de pouvoir a eu lieu.
Dans cet « idéal », qui tient du doux rêve, les protagonistes croient s'approcher autant que possible du désir sexuel qui les anime : elle va s'assujettir à lui, devenir vraiment son esclave. Il la dominera, fera d'elle ce qu'il voudra[1]. Sans limites ? Certes non… tous deux s'en remettent – silencieusement encore – au sacro-saint bon sens : il ne lui ordonnera pas de sauter par la fenêtre, ne lui administrera pas de fessée trop violente, et elle pourra toujours, au pire, lui demander de ralentir ou d'arrêter… cela va de soi.
Tellement, qu'il vaut mieux ne pas même en parler : l'évocation verbale des frontières à ne pas franchir romprait le charme de la scène, en venant désagréablement rappeler le fait que l'engagement d'obéissance de la soumise est aussi relatif que… fictif. C'est bien pour cette raison, plus que n'importe quelle autre, qu'un couple décidant de s'essayer au jeu BDSM évite soigneusement toute discussion de fond sur les limites et la sécurité : veiller à ne pas briser une magie, déjà fort fragile au demeurant.

Quant aux safewords… les partenaires qui en ont eu ouï-dire mais sont encore sans expérience dans les pratiques de domination les jugent inadaptés à leur situation : « c'est pour les pros (ou les malades)… Nous avons nos propres limites (qui sont taboues), fixées par le bon sens (que nous partageons, sans avoir à nous concerter».
Or, beaucoup de pros, justement, se targuent de ne jamais avoir « utilisé » de codes de sécurité… « C'est pour les débutants… j'ai dominé des femmes (ou je me suis soumise) toute ma vie, je connais parfaitement les limites à ne pas franchir (sic), d'ailleurs, pour preuve : sans safeword, je n'ai jamais connu d'incident ».
L'erreur est ici double : tout d'abord, bien évidemment, les limites sont différentes pour chacun, mais surtout… on n'« utilise » pas un safeword, comme une sorte de collier que l'on sortirait pour mettre en place à chaque moment BDSM, et dont on aurait conscience en permanence. On en convient simplement, une fois pour toutes avec le partenaire, lors d'une discussion qu'il n'est pas forcément nécessaire de renouveler. À partir de là, le mot magique étant défini et établi, ce n'est qu'en cas de besoin – c'est-à-dire exceptionnellement – qu'il pourra être utilisé.

Définition du safeword

Le safeword est un signal d'urgence, le « pouce ! On arrête ! » du jeu BDSM qui, utilisé par la soumise, indique à son partenaire qu'il doit, immédiatement et sans discussion interrompre l'acte en cours, et la délivrer de ses liens ou de toutes autres contraintes éventuelles aussi rapidement et prudemment que possible.
Le safeword est toujours à considérer comme appelant une réaction de la plus haute urgence, quelle que soit la situation et aussi anodine qu'elle puisse paraître aux yeux de celui qui contrôle les événements.

« Safeword », ou « droit de veto » ?

En alternative à l'anglophone safeword, est parfois proposé le plus francophone veto[2], qui était, dans la Rome antique, la formule utilisée par les tribuns du peuple pour s'opposer aux décrets du Sénat.
La tentative de francisation est louable, mais je ne la trouve pas juste : une soumise qui se refuse à certains actes peut toujours en appeler à son droit de veto, mais elle invoque bien davantage lorsqu'elle crie « au feu » en sentant arriver la crise d'asthme tandis que des menottes lui entaillent les poignets.

L'internationalisation, dans le domaine de la sécurité, est un autre facteur qui me paraît largement plaider la cause des concessions linguistiques ou territoriales : comment ne pas juger tout à fait regrettable le fait qu'on appelle les secours d'urgence en composant en France le 18, aux États-Unis le 911, en Russie le 01, mais le 193 en Jordanie ou le 112 en Allemagne ?
S'il est des lieux appropriés ou des efforts quotidiens à entreprendre pour revendiquer ses différences et protéger son patrimoine culturel, la prévention en matière de sécurité des personnes ne me semble pas en faire partie… au détriment d'une langue qui m'est chère, je n'invoquerai donc ici, sauf cas précis, que l'anglophone safeword.

Safeword verbal

Les partenaires conviennent en général d'un « mot magique » qui sera reconnu en tant que code de sécurité. « Stop ! », par exemple. Ou « pouce ! », « veto ! », « pitié », ou tout bonnement le prénom du dominateur, qui appelle rapidement à l'abandon des rôles incarnés[3], ou encore une codification par couleurs inspirée des feux rouges (dont l'usage est documenté dans la section Annexe : Codes de couleur de ce document)… mais les mots usuels ont l'inconvénient de pouvoir être prononcés par hasard dans la conversation, ce qui risque de prêter à confusion… si la personne qui se soumet déclare : « je dois faire pitié, ainsi accoutrée », la décision d'extraire le pitié de son contexte pour y lire un appel à l'arrêt du jeu appartient au libre-choix du dominant – choix arbitraire et unilatéral, qui va de ce fait à l'encontre du principe de safeword.
Dans le souci de pallier à tout quiproquo, il est préférable de choisir son code de sécurité en dehors du vocabulaire courant, donc sans ambigüité possible : « Shazam », « superqualifragilistic », ou des phrases complètes : « Souviens-toi Barbara, il pleuvait sur Brest ce jour-là »… mais là, le risque est grand pour la soumise, stressée, de voir sa mémoire flancher, au moment où elle en a le plus urgent besoin.
Pour ces raisons, la plupart des partenaires adoptent pour safeword… le mot safeword lui-même. À défaut d'être utilisé par tous, le terme est, au moins, connu de la plupart des gens qui s'adonnent à des pratiques liées, de près ou de loin, à la sphère SM : c'est ce qui fait sa force et sa faiblesse.

Faiblesse, car il peut être utile à la personne qui se soumet, en soirée (c'est-à-dire, avec d'autres amateurs de BDSM), d'avoir un moyen d'invoquer son safeword discrètement, à l'intention de son complice et à l'insu du reste des convives. Ce point est d'autant plus important qu'à priori, la soumise qui interrompt le jeu tend à culpabiliser, prise de remord à l'idée d'invalider son partenaire, ou de ne pas se sentir elle-même à la hauteur de la situation. Cela même dans l'intimité de la relation… autant dire qu'en public, il lui sera moins facile de crier « safeword ! », compris de tous, que murmurer un mystérieux « superqualifragilistic » que son compagnon seul saura interpréter, et qui conservera l'effet de faire cesser l'action en cours.
Pour cette raison, la solution idéale est de s'accorder sur deux codes d'urgence : l'un restant secret, et l'autre étant le mot safeword lui-même, moins susceptible d'être oublié dans le feu de l'action.

La force de ce choix, en dehors de son caractère mnémonique, c'est précisément son universalité. J'aborde ici un aspect dont je n'ai jamais entendu débattre, mais qui m'apparaît digne de réflexion… le fait qu'il soit connu de tous devrait, à mon sens, faire du « safeword ! », en soirée fétichiste, ce qu'est le « mayday ! » aux marins ou aux aviateurs : un appel universel de détresse. C'est-à-dire que si, dans un groupe qui s'adonne à des jeux BDSM, une soumise invoque le safeword et que son partenaire ne réagit pas, c'est aux autres d'agir sans hésitation.

Safeword lors du port d'un bâillon

Comment prononcer le safeword lorsqu'on porte un bâillon, cet accessoire si couramment utilisé dans le jeu BDSM (et parfois si terriblement efficace, de par sa sophistication sans cesse grandissante) ?
Certains proposent de fredonner (ou plutôt, de « hmmmer ») un air convenu à l'avance en guise d'appel à l'aide… cette solution pallie effectivement l'incapacité d'articulation, mais est, par contre, totalement inaccessible à la personne qui s'étouffe.

De ce fait, le meilleur choix, éprouvé de longue date, semble être le « code du trousseau de clés » : le dominant qui bâillonne sa soumise lui glisse, si elle est entravée, un trousseau de clé dans la main (ou une clochette, ou n'importe quel ustensile susceptible de faire du bruit en tombant sur le sol). En cas de détresse (ou par réaction inhérente à un éventuel engourdissement des membres ou une perte de conscience), celle-ci n'a qu'à lâcher l'objet, et le son de sa chute est synonyme de safeword pour appeler à la libération immédiate.
Enfin, pour pallier l'oubli possible de la remise du « trousseau de clés », il paraît sage de considérer le clignement alternatif des yeux, de la part d'une personne réduite au silence, comme un autre « safeword universel »[4].

Alternatives au safeword

Le couple qui, sensibilisé à l'utilité du safeword, choisirait d'inventer sa propre procédure, toute personnelle et s'écartant résolument de celles citées ici, pour codifier son signal d'interruption particulier, s'exposerait immanquablement à un grand risque : celui de tenter, en conditions de danger réel, une formule non éprouvée – aussi sophistiquée puisse-t-elle paraître.
Une solution alternative peut tout à fait se révéler meilleure que l'originale… mais il convient de commencer par l'expérimenter, en lui adjoignant la disponibilité, en second ressort, d'un safeword « classique », qui a le mérite d'avoir déjà fait ses preuves.

En matière de sécurité, efficacité rime souvent avec simplicité, ou tout bonnement avec… testé et approuvé, ce qui est le cas de l'intégralité des indications données dans ce document, où je ne me permettrai pas de livrer le moindre conseil qui serait seul fruit de mon imagination.

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Utilités et conséquences du safeword

Loin d'être une simple prétention démagogique de sérieux et de bonne volonté visant à la sécurité des activités liées au BDSM, l'accord de principe à propos du safeword comporte de nombreuses conséquences sur le jeu lui-même, que je vais évoquer ici.

Autoriser les jeux de rôle

La personne qui se soumet éprouve, en général[5], l'envie de ressentir un déni de liberté, parfois validé dans la contrainte ou dans le châtiment corporel. Pour la mise en scène d'un scénario où son statut d'objet de convoitise va l'abaisser (ou l'ériger) au rang de proie, on imagine mal devoir se passer du verbe… que serait une victime qui ne se plaint pas ? Que dire d'un maître qui ferait machine arrière à la première supplique ?

Celui qui domine désire, en général, savourer une sensation de pouvoir sur l'autre, et profiter de la personne qui s'est offerte. Comment ressentir l'étendue de ce « pouvoir », sinon en le mesurant à l'aune des (feintes) désapprobations – bientôt outrepassées – de celle qui se soumet ?

Ainsi, une partie du plaisir des partenaires peut résider dans ce jeu de rôle qui consiste, pour la soumise, à répondre « non » et implorer pitié, et pour le dominant, à s'entendre opposer ces refus qu'il va s'empresser de gérer comme il se doit (c'est-à-dire, comme convenu). C'est précisément dans cette notion de désapprobation symbolique que le safeword trouve son origine, et la règle qui en découle est toute simple : parmi les mots échangés entre les protagonistes lors d'une « scène » BDSM, tout ce qui n'est pas safeword est jeu.

Prévenir les risques physiques

La première idée qui vient à l'esprit en songeant au safeword dans le BDSM est, naturellement, le besoin de faire cesser une douleur qui devient insupportable, et elle est tout à fait fondée : que l'on parle de fouet, de martinet, de pinces, de liens ou de fessée, il est absolument primordial pour la personne ayant, de son plein gré, décidé de s'exposer à des tourments corporels, de conserver à disposition un moyen rapide et infaillible de les interrompre. Mais au-delà de cet aspect évident, les jeux de domination comportent de nombreuses activités pouvant entraîner des souffrances ou des risques physiques moins visibles au premier abord. À titre d'exemple, et sans prétendre en faire ici une liste exhaustive, je citerai :

·        Positions inconfortables devenant douloureuses

·        Problèmes de circulation sanguine dus à des liens trop serrés

·        Problèmes de circulation sanguine dus à une mauvaise position (beaucoup plus fréquent que le précédent, contrairement à ce que l'on pourrait croire : le simple fait d'avoir les poignets plus hauts que la tête, par exemple, suffit souvent à interrompre l'acheminement du sang dans les mains, aussi lâches les liens puissent-ils être)

·        Indisposition physique personnelle non inhérente à l'action (nausée, malaise, troubles cardiaques, pathologies respiratoires, etc.)

·        Douleurs d' « accessoires » : un corset qui devient insupportable, un collier qui vient à gêner la respiration, un vibromasseur ou des boules de geisha qui commencent à irriter les muqueuses sensibles… le simple port de talons-aiguilles en station debout peut se transformer en un réel supplice, aussi indécelable par le spectateur qu'intolérable pour la victime.

Prévenir les chocs émotionnels

La peur, qui altère les sens et modifie le ressenti, peut provoquer de terribles chocs émotionnels. L'excitation tout autant, et la simple joie de réaliser un fantasme sexuel, peut-être enfoui de longue date dans quelques recoins de la conscience, suffit bien souvent à faire terriblement accélérer les rythmes cardiaques. Dans de tels moments, des troubles psychologiques insoupçonnés peuvent jaillir à la surface, causant une détresse qui, aussi incompréhensible puisse-t-elle paraître, n'en est pas moins réelle et justifie une interruption immédiate du jeu SM.

Rassurer la soumise

Se soumettre demande un courage certain : culpabilité, peur, nervosité irraisonnée, appréhension, doutes, acceptation de l'image de soi, de l'autre… autant de pensées parasites que la personne qui va se laisser dominer devra outrepasser pour parvenir à pleinement se mettre en scène dans l'activité BDSM de son choix. Que l'un de ces facteurs vienne à provoquer l'interruption précoce du jeu, et ses acteurs se verront confrontés à une pénible sensation d'échec – dont les conséquences peuvent aller au-delà de la simple déception[6].
Aussi est-il bon de rayer, autant que faire se peut, un maximum d'éléments parmi la liste des sentiments susceptibles d'interférer dans la situation à venir. Le dialogue préalable est bien entendu la clé de cette dédramatisation, et dans ce dialogue, la discussion relative au safeword permet normalement d'atténuer par anticipation bon nombre d'effets négatifs de la peur.

Rassurer le dominant

La première victime de la toute-puissance afférente au rôle du dominateur est le dominant lui-même : dominer, c'est avoir peur en permanence. Peur de blesser celle qu'on aime, peur de la décevoir ou de se désillusionner soi-même, peur de la « page blanche » ou des aspects purement technique du BDSM, peur, enfin, de n'être pas à la hauteur du personnage viril que l'on va devoir incarner…

Dans ce contexte, prétendre que la présence d'un safeword suffit à rassurer le dominant, ne serait-ce que sur la prévention d'éventuelles blessures, serait largement au-dessus de la réalité. Elle y contribue, très légèrement. Mais, à moins de parfaitement bien se connaître mutuellement, la meilleure ligne de conduite à adopter pour celui qui dirige le jeu consiste à se dire qu'au moment où il sera temps pour la soumise d'utiliser son safeword, elle préférera presque toujours se taire plutôt qu'y faire appel.

Cette nécessité – justifiée – de devoir en permanence veiller à protéger d'elle-même la personne qui se soumet tend à brider celui qui domine, parfois au-delà du raisonnable – ou plutôt, bien en deçà de l'irraisonnable. Aussi, se remémorer le fait que sa complice dispose d'un signal d'alarme peut-il, à l'occasion, aider le dominant à relâcher son sentiment de surresponsabilité et s'abandonner un peu plus au plaisir de l'action.

Libérer l'action

Nous touchons là à un point trop souvent ignoré, ou mal compris… certains puristes (de leur propre école) considèrent la mise à disposition d'un safeword comme une manière d'alléger le jeu, inventant au passage le concept ridicule de BDSM light… Eux jouent dur, sans filet.
La vérité est tout autre. Ne pas fixer de limites, s'est accepter tacitement de se plier à des limites silencieuses, que chacun tient pour évidentes et universelles dans l'intimité de son raisonnement personnel.
Que fait la soumise qui, funambulant sur cette ligne prétendument « dure », sent venir la nausée, l'asphyxie ou la chute de tension alors qu'elle est entravée, bâillonnée, cagoulée, sans la moindre capacité d'exprimer sa détresse ?
Le dominant « dur » répondra qu'elle trouvera toujours un moyen ou un autre de lui signifier le malaise, et il aura probablement raison. Mais cette réponse sous-tend que le dominateur jouant sans safeword est malgré tout à l'écoute de certains signes, qu'il sera prêt à interpréter comme un signal de « pouce, on ne joue plus : j'ai un problème ». Ces signes n'étant pas convenus par avance, leur interprétation en est donc laissée à la libre estimation du dominant. Qui, de fait, va devoir les guetter. Et ralentir, voire interrompre l'action, à la minute où il croira les déceler. Cela même s'ils ne sont pas fondés.
C'est ainsi que, comble du paradoxe, celui qui prétend « jouer intense » en s'affranchissant des safewords, se condamne à constamment en voir là où il n'y en a pas.

La disponibilité d'un code de sécurité clair, loin de brider le jeu, le libère de nombreuses contraintes. Sans vouloir ici juger de ceux qui s'adonnent à des activités généralement qualifiées d'« extrêmes », je dirai que tous « niveaux » confondus, contrairement à la perception générale, l'action peut se permettre d'être bien plus « dure » lorsqu'un signal d'alarme qui ne prête pas à ambigüité a été instauré.
Ainsi la personne qui, dans la soumission, aurait par exemple le désir de crier pitié à gorge déployée pourra-t-elle, grâce au safeword, s'autoriser sans retenir ses larmes[7] toutes les implorations qui la tentent, et ressentir le plaisir de leur voir opposer une simulation de cruauté extrême de la part du dominant.
Ainsi le dominant pourra-t-il, en évoquant à son souvenir l'existence du safeword, plus facilement objecter de froids refus aux suppliques de la soumise qui crie grâce… Tant que le mot magique n'est pas prononcé, elle lui donne son accord tacite pour maintenir la situation en cours, confirmant par là que ses appels à la merci font bien partie du jeu : il peut poursuivre l'action à son gré.

Jouer sans veto, pas sans safeword

Une personne qui déteste toute idée d'exhibition se soumet à son compagnon. Celui-ci entreprend de la « promener » nue dans la rue, avec laisse et collier, et s'entend opposer un safeword…
Si la scène se déroule en un lieu où des rencontres qui prêteraient à de trop lourdes conséquences sont envisageables (voisins, collègues, famille, caméras de télévision, etc.), ou plus simplement, si le froid ou des conditions d'hygiène manifestement périlleuses laissent à présager du pire, il s'agit bien d'un cas où le safeword signifie un danger.
Si, par contre, son utilisation en l'absence de tout risque évident ne retranscrit qu'un refus de principe, motivé par la seule crainte de l'exhibition, il représente un appel au droit de veto.

Sans apporter ici de jugement de valeur, il est tout à fait compréhensible que deux partenaires choisissent, par accord consensuel, que celle qui se soumet n'ait pas – ou plusdroit de veto sur les décisions de son compagnon. Pourvu que les conditions soient bien entendues, et le safeword maintenu, dans sa simple fonction d'appel à l'urgence, le pacte est tolérable : il permettra un jeu aussi « extrême » que possible dans le ressenti de soumission, en assurant ce minimum de sécurité dont on ne peut raisonnablement s'affranchir.

Notons toutefois que même « sans droit de veto », l'action est immédiatement interrompue dans les deux cas donnés ci-dessus en exemple… dans le premier, la soumise a joué le jeu, signalant un danger sérieux que son partenaire n'avait peut-être pas envisagé. Dans le second, elle ne s'est pas pliée à la règle qu'elle avait approuvée, opposant un refus de principe à une décision du dominant sur laquelle elle avait consenti à céder tout droit de regard… le safeword, pour avoir été invoqué à tort, n'en suspend pas moins le jeu (il a alors, en quelque sorte, valeur de « j'ai accepté des règles trop dangereuses, que je ne peux ou ne veux plus assumer »).

Lorsque le safeword est prononcé

Le safeword, c'est sa vocation, tue instantanément l'action. Lorsqu'il est invoqué, l'urgence n'est pas d'en estimer le bien-fondé, mais de délivrer celle qui l'a prononcé de toutes ses contraintes… en évacuant immédiatement des esprits les rôles de dominant et de soumise qui étaient incarnés.
Le bâillon, s'il n'est pas la cause directe du problème, empêche son porteur d'exprimer verbalement l'origine de sa détresse : il doit être ôté le premier. Le collier, qui peut être facteur d'étouffement[8], doit le suivre aussitôt. Les bras, ensuite : dès qu'une main est libérée, la victime, qui seule connaît assurément la raison pour laquelle elle a fait appel au safeword, peut rapidement, sinon contribuer à en corriger les effets, au moins en pointer la source du doigt (le cas d'une personne suffoquant d'avaler sa propre langue est particulier… la victime s'explique rarement ce qui lui arrive, et aura difficilement le réflexe de se plonger elle-même les doigts dans la gorge : on doit le faire pour elle. Cet accident peut se produire très simplement, en se cognant le coude par exemple).

Il est, bien évidemment, impératif de ne pas céder à la panique. Parmi les causes fréquentes de recours au safeword, on trouve l'engourdissement des membres, qui est un phénomène pouvant entraîner de très dangereuses conséquences, ne serait-ce que par l'affolement qu'il génère… il faut comprendre que les zones engourdies, très vite paralysées et privées de toutes sensations, semblent totalement mortes à leur porteur, comme détachées du corps. Si le partenaire utilise des ciseaux pour trancher ses liens, l'absence de sensibilité fera imaginer le pire à celle qui en est victime ; les ciseaux pénétrant les chairs sans qu'elle le sache, les os peut-être déjà fracturés, les doigts retournés, la souffrance causée par les lésions, qui certainement se révélera épouvantable lorsqu'enfin cessera l'horrible anesthésie… toutes les horreurs passent en tête dans ces moments-là, aussi est-il impératif de rassurer la compagne, tout en la débarrassant de ses entraves le plus prudemment possible[9].
Si c'est dans les jambes que le blocage de circulation sanguine s'est produit, la personne, soucieuse de se réconforter et recouvrer la sensibilité, ne doit pas chercher à se lever : elle tomberait, très probablement. Le mieux est d'attendre, en position allongée… tout en sachant que le retour du sang dans les veines provoque une douleur très vive, souvent insupportable, qui peut ne pas se calmer avant… de très longues minutes.

Une soumise ne prononce pas son safeword sans raison. Les accidents physiques sont possibles, mais également, comme il a été évoqué, des chocs sur le plan émotionnel qui, pour paraître parfois tout à fait incompréhensibles aux yeux du partenaire, n'en sont pas moins réels. La personne qui se voit forcée d'interrompre le jeu pour une cause d'ordre psychologique – peur, panique, phobie, etc. – sera doublement déçue, honteuse, peut-être, de « n'avoir pas été à la hauteur », ou prise d'un sentiment de ridicule injustifié… le moment n'est alors pas aux reproches, mais à la consolation et au partage : une âme blessée se soigne avec autant d'attention – sinon plus – qu'un corps meurtri.

Le safeword côté soumise

Dignité, honneur, orgueil et sens du devoir ne sont pas apanages du seul Maître, dans le BDSM : contrairement à ce que l'image commune pourrait laisser croire, la fierté est immense dans la soumission.
Sans chercher à développer ici de ce point, il est sage d'indiquer que bien souvent, la personne qui se fait dominer, au centre de l'action, tend à catalyser et rechercher cette fierté au miroir sans tain des yeux de son partenaire : elle veut s'y voir, elle souhaite qu'il la voie… aussi mettra-t-elle, trop fréquemment et parfois à l'excès, un point d'honneur à ne pas utiliser un safeword susceptible de lui laisser à l'esprit l'âcre sentiment de n'avoir pas été à la hauteur.
Paradoxalement, plus celle qui se soumet éprouve d'amour et de complicité pour celui qui la domine, plus elle s'efforcera à générer ce sentiment mutuel de fierté, repoussant déraisonnablement ses limites pour ne pas avoir à crier le mot redouté, que sur l'instant elle juge synonyme d'indigne… mais quel cadeau est-ce là, qui consiste à se mettre inutilement en danger, à exposer l'être aimé au risque de provoquer un accident qui lui sera imputé, à placer la relation elle-même sous une terrible épée de Damoclès ?

« Tout ce qui n'est pas safeword est jeu » ; « Tant que le mot magique n'est pas prononcé, le dominant peut poursuivre l'action à son gré », avons-nous vu précédemment. Le caractère extrême de ces déclarations peut choquer : il est volontaire, destiné à bien rappeler à la personne qui se laisse contrôler quelle est sa part de responsabilité à elle dans le théâtre BDSM.

Accepter de se soumettre au partenaire est, certes, un superbe cadeau. Mais consentir à dominer sa compagne en est un autre. Celui qui dirige le jeu se voit, de fait, chargé d'une immense responsabilité – qui va peut-être lui peser au point de gâcher une partie de son plaisir. Que quelque incident vienne à ternir le tableau de la soirée, et c'est immanquablement lui qui en portera toute la culpabilité : il tenait les rennes, la soumise, victime qui ne faisait qu'obéir, est donc forcément innocente…
C'est trop simple.

Le couple BDSM est composé de deux adultes, sur un pied d'égalité. Pour leur plaisir mutuel, ceux-ci endossent occasionnellement un rôle qui verra cet équilibre provisoirement disparaître : l'un va devenir objet de l'autre. Lorsque le jeu prend fin, la balance oscille et chacun reprend ses droits : il n'y a plus de « Maître », plus d'« esclave », mais deux adultes censés et responsables.
La véritable responsabilité, sur la scène BDSM, appartient à ces deux adultes – pas aux personnages qu'ils incarnent pour se donner du bon temps. Durant le jeu, celui qui domine ne peut se permettre de s'abandonner entièrement au rôle qu'il personnifie, car la charge de sécurité lui incombe, en plus de l'initiative. Celle qui se soumet pourrait, à la rigueur, se plonger intégralement dans la peau de son personnage… n'eût été la peur d'une éventuelle erreur commise par son compagnon, l'inquiétude quant à l'image qu'elle offre d'elle-même, le besoin de conserver une part de pensée rationnelle pour ne pas aller trop loin…

Il serait inacceptable que ces deux adultes se cachent derrière les rôles qu'ils s'apprêtent à incarner pour effacer la responsabilité qui, en parts égales, leur incombe. Le « statut » de soumise ne peut décemment pas être considéré comme un passe-droit pour se précipiter tête baissée dans le confort de l'irresponsabilité proposée par le jeu. Il implique, bien au contraire, un devoir préalable et entretenu qui consiste à faire son possible pour aider le partenaire à les prémunir tous deux de dangers potentiels…
La sécurité est la clé qui permet de s'abandonner au plaisir, et elle ne saurait supporter la coquetterie : allergies, peur du noir ou phobie des araignées, insuffisance respiratoire ou mycose embarrassante, troubles de la vue ou de l'audition, dangereux attrait pour la douleur ou simple peur panique des chatouilles… toutes les faiblesses susceptibles de créer un risque doivent être énoncées avant de s'exposer à l'irréversible.
Quant à la crainte d'avoir à prononcer le safeword, elle doit, sinon être discutée par avance, au moins faire l'objet d'une sérieuse introspection préalable, en se posant quelques questions à tête reposée, telles : « jusqu'où suis-je prête à aller ? », « quelle conduite tenir, s'il va trop loin, si je ressens le besoin d'interrompre le jeu ? », « quelle attitude vais-je adopter, après avoir fait appel au safeword ? », « quelles peuvent être les conséquences, pour moi, pour lui et pour nous, si je n'utilise pas le safeword alors que je le devrais ? »

Le safeword du lendemain

Le picotement des fesses lorsqu'elles effleurent la chaise est un doux souvenir que beaucoup de soumises aiment à emporter d'une nuit de volupté consacrée au BDSM. Les chairs légèrement meurtries, comme les courbatures dans le sport, venant soudain rappeler à l'improviste les excès de la veille, paraissent alors servir la continuité du moment passé, comme pour lui permettre de s'estomper en douceur. Pointes de seins qui demeurent agréablement hypersensibles, rougeurs délicates laissées sur le poignet par une corde qui n'a pas cédé dans la jouissance : autant de signes subtils et intimes qui permettent de prolonger, parfois pour plusieurs jours, la magie d'un instant qui a semblé trop court. Comme pour dire non, ce n'était pas un rêve.

Se rendre au bureau comme tout le monde le lendemain, prendre place sur le siège et ressentir cette secrète brûlure sur les fesses, souvenir d'un moment aussi divin qu'inavouable, est un plaisir revendiqué par beaucoup de soumises. La frontière est malheureusement très floue, qui sépare le tolérable de l'inacceptable, et les souvenirs des séquelles…
Il est important, ici comme souvent, de ne pas juger trop vite de pratiques ou de goûts que l'on ne comprend pas : chacun voit midi à sa porte. Simplement, les limites doivent être réfléchies à tête reposée, et non dans le feu de l'action.

La personne qui vient de se soumettre, tout comme celle qui l'a dominée, va très rapidement s'efforcer de trouver d'excellentes excuses[10] pour justifier ses actes et se conforter dans le sentiment que ce qu'elle a fait est juste… parfois au point de légitimer des agissements ou des blessures intolérables.
Le jugement, altéré par le feu encore brûlant du plaisir, peut conduire à très mal évaluer l'ostentation des indices d'activité BDSM récente : marques laissées par un collier ou des menottes, qui sembleront gentiment coquines mais effareront l'entourage en trahissant l'horreur de ce qui avait été jugé anodin, par exemple. Quant aux séquelles réelles…

La personne qui croit s'épanouir dans la soumission mais a besoin de plusieurs jours pour se remettre de soirées passées avec celui qui la domine ne doit mentir ni à l'autre, ni à elle-même. Signes d'épuisement physique ou moral camouflés sous une couche de fond de teint, prise secrète de médicaments, lésions douloureuses, traces de fouets ou de liens difficiles à cacher, troubles de la digestion, souffrances anales ou vaginales, désordre psychologique, dégradation de l'existence sociale… aucune peur de perdre la magie de la relation ne saurait justifier de taire ces symptômes au partenaire. Se mentir à soi-même, on l'oublie trop souvent, c'est aussi mentir à l'être aimé.

Celui qui domine a un véritable devoir de l'après. Partager des plaisirs d'adultes ne peut se résumer à jouir, puis fermer les yeux sur les conséquences de la jouissance : il est impératif de s'enquérir du bien-être de celle qui s'est soumise, dans les heures, les jours qui succèdent à ce moment intense passé à deux. Attendre des réponses n'est pas suffisant ; il s'impose de poser les questions, aussi directes et indélicates puissent-elles paraître.
Que ces réponses n'arrivent pas, que la réalité se voie déguisée par la partenaire, et le dominant réitérera des activités destructrices dont il ne soupçonne pas les répercussions.
La soumise, trop à même de dissimuler des symptômes qu'elle seule connaît, détient un terrible pouvoir sur son compagnon de jeu : elle peut pousser celui-ci vers la destruction à petit feu de celle qu'il aime, pour la satisfaction d'un dangereux instinct masochiste personnel qui ne trouvera jamais sa cure dans le BDSM.

Le safeword côté dominant

Recherchant dans le BDSM les sensations d'emprise et de pouvoir sur sa partenaire, le dominant en accepte nécessairement leur indissociable complément : À grands pouvoirs, grandes responsabilités.

Le safeword ne doit jamais être pris à la légère… même lorsqu'il n'est pas prononcé. Dans la mesure où la majorité des soumises rechigneront à l'invoquer, mieux vaut même, dans une certaine mesure, oublier son existence pour se fier avant tout au bon sens, comme le font ceux qui « jouent sans préservatif ».
Si l'on admet que la première des responsabilités dont doit prendre conscience le dominateur réside dans la nécessité de protéger sa compagne d'elle-même, on comprendra aisément le pathétisme d'une conduite qui consisterait à laisser celle-ci juger seule du moment où il convient de ralentir ou rompre l'action.
Ce fait entendu, on en déduira plus facilement encore le caractère d'urgence extrême représenté par l'invocation du safeword : peu importe l'éventuel sentiment d'échec, peu importent les causes, directes ou indirectes, peu importe le bien-fondé de la démarche ou ce qui devait suivre : lorsque le signal de détresse est prononcé, il n'y a plus de dominant, il n'y a plus de soumise, et le jeu s'interrompt de suite.

Protéger sa partenaire d'elle-même… comme s'il s'agissait d'une parfaite imbécile…
Tout d'abord, oui, elle peut être foncièrement idiote : c'est son droit, et c'est là une éventualité à prendre en compte. Mais surtout, celle qui se soumet délègue, par définition, l'essentiel des responsabilités à celui qui la domine : c'est ainsi, précisément, que ce dernier obtient la sensation de contrôle à laquelle il aspire.
Acceptant d'être engagée dans des situations où il lui sera souvent difficile de juger du bien et du mal, du dangereux et du raisonnable, la soumise n'a guère de choix que placer toute sa confiance en son partenaire, pour le laisser seul juge des événements : loin de toute interprétation d'imbécilité, c'est justement là que se situe le cadeau de la soumission.
Le cadeau de la domination consiste, lui, à prendre tous les soins du monde pour ne pas trahir cette confiance.

Plus la soumise s'abandonne à l'autre, se sentant plonger, y emportant son complice, dans un sentiment de volupté extrême, et plus elle se met en danger. Ces moments intenses, à l'apogée de ce que peut apporter le BDSM, sont fondamentalement ceux où le dominant doit, sans manquer de savourer l'instant comme il le mérite, maintenir tous ses sens en alerte[11].
Aux confins du subspace, la soumise ne se contente pas de déléguer tout jugement à son partenaire en disant trop vite oui à tout… elle peut aussi, par pur réflexe, chercher à prolonger son extase en provoquant le durcissement de l'action, parfois par le biais de subtils sous-entendus[12]… cela sans la moindre évaluation des éventuelles conséquences, abandonnées à la libre appréciation de celui qui dirige le jeu…
Avoir atteint à deux ce point de jouissance cérébrale est, en soi, une forme de consécration. Se laisser entraîner ; rechercher l'« exploit », en cédant trop vite aux appels du pied de la compagne ou à ses propres envies est une dangereuse tentation qui, pour quelques minutes d'euphorie, charriera peut-être des semaines de remords. À l'inverse, ralentir l'action – quitte à décevoir –, en ne cédant pas à des fantaisies irraisonnées dictées par la seule hystérie du moment, peut, pour quelques secondes d'artificielle désillusion, apporter au réveil l'immense satisfaction de la confiance honorée, de la complicité validée, et du bonheur partagé dans un bien-être mutuel aussi rare que précieux.

Tester le safeword

Mettre le dominant à l'épreuve du safeword, en invoquant celui-ci sans raison réelle, n'est pas une idée dénuée d'intérêt : en plus de vérifier le sérieux du compagnon, elle permet de « roder » le processus, de le dédramatiser, ou simplement d'ouvrir le débat sur la question.

Mais le test est plus édifiant, et bien plus constructif sous certains aspects, s'il est effectué dans l'autre direction – consistant alors, pour celui qui domine, à pousser sa complice au safeword. Le jeu est malheureusement dangereux, qui revient à atteindre les limites de la personne, pour menacer de les lui faire dépasser en espérant l'entendre crier grâce. Mais il est tentant : comme on l'a vu au paragraphe Le safeword côté soumise, la sensibilisation de celle-ci au « devoir d'interruption » est un élément crucial, trop souvent négligé, de la sécurité dans le BDSM : il mérite donc que l'on s'y attarde.
Créer un précédent dans l'utilisation du safeword, une première fois, est aussi une excellente manière d'aider celle qui se fait dominer dans les besoins ultérieurs qu'elle pourrait ressentir d'y faire appel, tout comme le fait de savoir qu'elle est peut-être en train de se « faire tester », et qu'il ne serait pas dramatique, mais au contraire attendu, qu'elle interrompe l'action rapidement[13].

Comment donner lieu à ce précédent ? Certainement pas avec un martinet poussé à l'excès, moins encore avec un fouet. Pas davantage en administrant patiemment la fessée jusqu'à entendre prononcer le mot magique, ou en laissant des pinces trop longtemps en place sur les seins : tout comme le sentiment de soif indique qu'il y a déjà déshydratation de l'organisme, la douleur devenue insupportable signale que des séquelles sont peut-être déjà à prévoir.
Provoquer sciemment la suffocation ou mettre volontairement à profit des phobies de sa partenaire seraient des actes aussi dangereux qu'odieux… Alors, que reste-t-il ? Beaucoup de choses, bien plus inoffensives, mais à utiliser tout de même avec extrême prudence.

Psychologiquement, une personne qui, par exemple, accepterait sans broncher son safeword de sortir nue sur son propre palier, portant des signes ostensibles d'activité sexuelle ou fétichiste, s'exposant aux piètres répercussions qu'entraînerait le fait d'être vue ainsi par le voisinage, montrerait son absence de sérieux – ou, pour le moins, confirmerait qu'elle renvoie beaucoup trop sur les épaules de son compagnon la responsabilité d'évaluer les conséquences de ses ordres.

Physiologiquement, l'exercice est toujours plus risqué. Peu de gens supportent, par exemple, le maintien prolongé des poignets simplement attachés en hauteur… le sang s'échappe très vite des mains, pour ne pas y revenir : il est alors grand temps, normalement, de signaler le problème. Mais l'expérience est périlleuse, et pas nécessairement fiable : le phénomène d'engourdissement est, en théorie, identifiable par le dominant au refroidissement des membres affectés… en théorie seulement[14]. De surcroît, il semble n'y avoir aucune égalité entre les individus pour ce qui concerne la circulation sanguine : certains peuvent maintenir sans sourciller une position insupportable pour d'autres, ou faciliter instinctivement l'acheminement sanguin en remuant les doigts… de fait, le test demeure trop subjectif pour être infaillible, et trop dangereux pour être recommandé[15].

Demander à la personne de conserver une posture agenouillée et immobile, généralement insoutenable après quelques minutes, peut se révéler une expérience plus efficace, et préférable dans la mesure où elle ne fait appel à aucun lien… mais là encore, les pieds se trouvent privés de sang, et les lésions dans les os trop fragiles des genoux sont à redouter.

Pour ces raisons, le bon sens semble dicter au dominateur souhaitant éprouver le « sérieux » de sa partenaire d'éviter les épreuves physiques, et leur préférer des expérimentations plus cérébrales (assimilables alors à ce que les anglophones ont délicatement baptisé mindfucking)… toujours avec la plus grande prudence, et en songeant par avance à la discussion animée qui va peut-être suivre l'invocation du safeword.

Le safeword pour le dominant ?

Dans certains cas, il peut être utile à celui qui domine d'avoir lui-même recours au safeword… ce qui semble surprenant au premier abord, mais apparaît évident lorsqu'on prend la peine de se rappeler que le couple BDSM n'est pas constitué d'un dominant tout-puissant et d'une soumise sans défense, mais de deux personnes, avec leurs forces et leurs faiblesses, incarnant des rôles de composition.

Pour illustrer ce propos, un exemple très simple… une soirée fétichiste, à laquelle participe notre « couple SM ». Elle aimerait qu'il se montre plus strict, et déplore ces temps-ci le sentiment de n'être pas suffisamment tenue : elle souhaiterait se sentir davantage dominée dans le jeu… L'attitude qu'elle a adoptée depuis est assez fréquente dans ce genre de cas : la provocation. Elle se fait plus défiante qu'obéissante, elle multiplie les taquineries verbales… sans succès (ce qui est, également, plutôt courrant : le comportement, castrateur pour le partenaire, incite à la fermeture sur soi plus qu'à l'ouverture vers l'autre). Aussi ce soir, en public, l'occasion est trop belle : elle va susciter sa réaction à travers la jalousie. Par amour pour lui, par convoitise pour la soumission que son geste devrait normalement engendrer en contrecoup, elle va faire les yeux doux à d'autres hommes, à d'autres dominateurs.
Que faire, face à une telle attitude ? En se cloîtrant dans l'inspiration BDSM, le dominant peut tenter de la punir… jouant ainsi parfaitement le jeu de sa compagne, et encourageant une démarche qui ne s'arrêtera pas là. Ou bien parler, les yeux dans les yeux, jeter un froid dans la salle, exiger des explications, quitte à provoquer une scène de jalousie en plein milieu de la soirée. Ou encore, ne rien dire, et douter
Le doute est un état de détresse, générateur de danger, qui peut assurément justifier l'invocation du safeword… par l'un ou l'autre des partenaires.

Autre exemple, une soumise qui hurle, pleure et implore pitié… comment être certain de pouvoir poursuivre le jeu ? Certes, elle n'a pas utilisé son safeword, mais elle pourrait tout autant l'avoir oublié, ou se trouver sous le coup d'un choc émotionnel grave…
D'un autre côté, les suppliques peuvent aussi bien être joués, faire partie de la comédie, indiquer que la compagne, aux antipodes du désespoir, touche à l'apogée de son plaisir… auquel cas, lui demander de but en blanc si elle souhaite être délivrée en se faisant insistant conduirait immanquablement à plus de cris, d'imploration et d'appels à la merci… qu'elle espérera sans suite, confiante dans le fait que sciemment, elle n'a pas prononcé le seul mot susceptible de tout arrêter.
Là encore, que faire ? Quelle est la bonne conduite à adopter face à un si terrible dilemme, sinon se pencher à l'oreille de la soumise, et – tant pis pour son plaisir – y murmurer : « Safeword : es-tu sûre que ça va ? »

Poursuivre le jeu après le safeword

La soumise a invoqué son safeword en sentant sa main totalement engourdie dans les liens… Le dominant a entrepris de la libérer, mais, alors que certaines entraves sont encore en place, elle lui déclare que le malaise est passé, et qu'il peut reprendre l'action…
Comment réagir ?

Aux dominateurs qui lisent ces lignes, la sagesse impose de répondre : arrêter le jeu tout de même. Il reprendra… une autre fois, et n'en sera que plus merveilleux.
Mieux vaut voir les choses ainsi, car le dominant qui envisagerait le safeword comme pouvant appeler une simple pause n'excluant pas une reprise dans la minute qui suit, risquerait d'influencer sa compagne, consciemment ou non, pour la pousser à dire qu'elle se sent d'attaque et lui faire accepter de poursuivre… la culpabilité d'avoir fait appel au safeword, la fierté, l'excitation, pourraient alors conduire celle-ci à trop vite acquiescer, à l'encontre du bon sens.

Aux soumises se posant cette même question, pour des raisons que l'on devinera aisément, il est préférable de donner ici l'écho inverse : bien sûr, le jeu peut continuer de suite ; un petit accident de parcours ne justifie pas de se gâcher la soirée, et prononcer un safeword n'est pas toucher au bout du monde.

La vérité est que cette question ne connaît pas de réponse dans l'absolu. Tout dépend du moment, du couple, des circonstances et du lieu, de l'incident qui a provoqué l'interruption des ébats… Dans certains cas, reprendre ceux-ci rapidement permet de dédramatiser l'évènement, avant qu'il ne prenne de l'ampleur dans les esprits. Dans d'autres cas, une période de repos s'impose. Parfois, il est tout simplement impossible de se replonger immédiatement dans des rôles de dominateur et de soumise alors que le cœur n'y est plus… mais de manière générale, si le safeword n'a pas été invoqué trop tard, son utilisation donne plus souvent lieu à une pause qu'à un arrêt véritable.

L'après safeword

S'il peut laisser parfois un goût amer, à la bouche comme à l'oreille, l'appel au safeword n'est un constat d'échec ni pour le dominant, ni pour la soumise…

Elle n'a pas failli à un quelconque « devoir », elle n'a pas manqué de confiance envers son compagnon ni foncièrement douté d'elle-même, simplement… l'instinct a parlé, et commandé l'interruption de l'action : cela arrive. Il faut une première fois à tout, et, ce précédent créé, celle qui se soumet a démontré son niveau d'engagement et de sérieux dans le jeu : le dominateur peut désormais être serein sur ce point, elle n'hésitera pas à prononcer le mot redouté, si le besoin s'en fait sentir.
Lui n'a pas trahi la protection dons il était le garant : une malheureuse initiative, une mauvaise évaluation de la situation, un triste concours de circonstances ou certains détails qui devront faire l'objet d'une conversation… le plus important est qu'à l'invocation du safeword par sa compagne, il a immédiatement réagi comme il se doit : elle peut désormais être rassurée, elle n'est pas livrée à un inconscient.

Les jeux de domination et de soumission étant avant tout une affaire de rapports humains, qui peut prétendre connaître son partenaire – ou soi-même – au point de se montrer infaillible dans l'estimation de ses limites, physiques ou cérébrales ? Pour le dominant comme pour la soumise, le safeword qui a été prononcé doit être regardé comme une preuve de sérieux, donnée et reçue, dans la recherche du plaisir mutuel, et dont le souvenir contribuera, la confiance aidant, à apporter plus d'intensité aux moments à venir.

« Une moto, ce n'est pas fait pour tomber », disent les motards… le casque est porté dans l'espoir de n'être jamais utilisé, et le savoir en place sur la tête n'a pas valeur d'invitation à conduire dangereusement…

Le BDSM n'est pas une activité destinée à se faire du mal, mais à se procurer du plaisir. Le safeword peut exister pour n'être pas prononcé, parfois il révélera malgré tout son utilité. Si son invocation devient par contre une véritable habitude, c'est un signe de conduite dangereuse – de la part de l'un ou l'autre des partenaires –, qui justifie assurément certaines remises en question dans la manière d'appréhender un jeu dont les seules conséquences, loin de toutes plaies physiques ou cérébrales, devraient s'appeler bonheur et épanouissement.

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Annexe : Codes de couleur

Un exemple d'utilisation des codes de couleurs, couramment utilisés en BDSM et particulièrement approprié aux relations naissantes, présenté ici sous la forme d'un exemple d'agrément mutuel…

À tout moment, le dominant peut poser la question « Couleur ? » à la soumise, dont le devoir est alors de répondre, en toute honnêteté (c'est-à-dire, sans tentative de manipulation), par la couleur qui indique son état d'esprit du moment, selon les codes décrits ci-dessous.
La soumise peut également, si elle le juge approprié, donner spontanément à son partenaire des indications sur son état émotionnel à travers un de ces codes de couleurs, sans que rien ne lui soit demandé.

Dans l'idéal, les codes de couleur devraient être considérés comme des informations données en dehors de toute conversation, immédiatement oubliés, comme une lecture instantanée qui n'appelle aucune discussion, aucun commentaire, mais simplement une orientation pour la suite des évènements.

Vert : L'action peut continuer sans souci, la soumise se sent très à l'aise.

Orange : L'action s'intensifie, en bien ou en mal, mais elle peut se poursuivre. L'orange n'indique pas ici qu'il faut ralentir ou s'arrêter, mais plutôt continuer… en veillant toutefois à ne pas augmenter trop rapidement l'intensité de l'action.
De par le paradoxe du bdsm, qui allie souvent des opposés (crainte et désir, caresses et tourments, liberté et contrainte…) pour générer le plaisir, l'orange représente, entre le vert et le rouge, une sorte d'idéal où des pôles inverses s'équilibrent…

Rouge : L'action devient trop intense, et la soumise préférerait la voir se ralentir.
Le rouge n'a pas valeur de safeword : si le plaisir du dominant est de continuer l'action, et même de l'intensifier, libre à lui… tout en sachant que son plaisir commence peut-être à se faire au détriment de celui de sa partenaire. Cependant, tant que le safeword n'est pas prononcé, l'accord est implicitement donné par la soumise pour que l'action se poursuive.
Il est à noter que le code « rouge » peut être utilisé par la soumise pour signifier à son compagnon qu'elle est sur le point d'invoquer son safeword : bien souvent en BDSM, une situation difficile à supporter est aussi une situation que l'on a des réticences à quitter, et le jeu peut devenir dangereux… la soumise hésitera moins à dire spontanément « rouge » – qui n'arrête pas le jeu – qu'à prononcer son safeword. Charge alors au dominant, selon l'action, de juger de la suite à adopter : continuer, ralentir, avancer progressivement, parler…

Beige : Je pense que je vais repeindre les plafonds en beige.
Ironique, qualifié d'anti-safeword, sous-entendant que la soumise s'ennuie au point de songer à la couleur de ses murs, le beige a valeur de provocation envers le dominant.

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[1] Dans ce document, il sera essentiellement question d'une configuration de « couple », où c'est l'homme qui domine la femme… il s'agit là d'un simple choix d'écriture, la forme soumis(e) et dominant(atrice) me paraissant aussi ridicule qu'illisible, et non de sectarisme : hommes soumis, femmes dominatrices, partenaires n'étant pas en couple, switchs ou ménages à trois sont tout autant concernés par les questions soulevées ici.

[2] Sans accent, s'écrivant et se prononçant de la même manière dans la langue de Shakespeare (le droit de véto désignant, pour sa part, la permission d'exercer la profession de vétérinaire)

[3] Un effet positif de ce choix est l'appel à la raison qu'il sous-tend… de manière similaire (mais diamétralement opposée) à cette stratégie d'otages imposant leurs propres prénoms à des ravisseurs qui, afin d'éviter tout apitoiement, tentent justement de les objetiser au maximum en ignorant volontairement l'identité de leurs victimes.

[4] Il est également à noter que l'usage et la prudence veulent que l'on ne laisse jamais sans surveillance une personne entravée qui porte un bâillon en bouche.

[5] Ces descriptions sont, j'en suis conscient, aussi simplistes que réductrices : le but n'est pas, ici, de définir ce qu'est le BDSM, mais de fournir matière à réflexion sur le principe du safeword.

[6] La déception de n'être pas parvenu à dominer peut, elle aussi, causer de terribles états de détresse à travers la remise en question qu'elle est susceptible de générer.

[7] Les larmes d'émotion, dans le jeu BDSM, n'ont rien en commun avec les résultats d'un quelconque sadisme qu'on pourrait trop vite leur prêter.

[8] Il est bon de savoir qu'un collier trop serré, s'il peut paraître confortable en position debout ou assise, tendra à étrangler la personne lorsque son corps passera à l'horizontale : le cou enfle énormément dès que la tête s'abaisse par rapport au reste du corps. Il gonfle tout autant lorsqu'on lui adjoint un bâillon, de par la position inclinée que celui-ci impose à la tête. Il convient donc, si l'on projette d'étendre la personne ou de lui faire porter un bâillon, de prévoir le collier assez lâche.

[9] « Où est-ce que tu as rangé les ciseaux, la dernière fois ? », n'est pas une phrase rassurante. Dans la trousse du parfait bondageur, à côté du chanvre et des doubles de clés de menottes, il y a une paire de ciseaux à bouts ronds. Idem pour les jeux avec du film alimentaire de cuisine, plus encore susceptible de bloquer la circulation sanguine.

[10] …de par ce même processus de résignation identifié en psychologie et exploité dans le procédé du pied dans la porte : « si j'ai écouté ce représentant en aspirateurs me raconter son blabla pendant deux heures, c'est forcément que sa marchandise est bonne, qu'il est différent des autres que j'ai chassé dans le passé. Sinon, il me faut admettre que je suis idiot ».

[11] Il y a dans ces instants, épuisants pour celui qui domine, une sorte d'orgasme du chef d'orchestre, causée précisément par le fait que des sens diamétralement opposés – plaisir de l'autre, plaisir personnel, vigilance extrême et nécessité de devoir prendre en compte simultanément une infinité de facteurs – doivent être maintenus en éveil : tout doit être… contrôlé. Ainsi la sur-responsabilisation contribue-t-elle à la jouissance du dominant : CQFD.

[12] Le moins subtil de ceux-ci consistant à répondre « beige » à la question « couleur ? », comme il est expliqué dans la partie
Annexe : Codes de
couleur.

[13] Effet bien volontaire (sinon raison d'être) de ce paragraphe, la soumise qui l'aura lu et aura conscience du fait que son dominant l'a consulté, y trouvera son précédent – qui lui fera peut-être se demander, au moment opportun : « c'est insupportable… n'est-il pas justement en train de me "tester" ; n'attend-il pas de moi que j'utilise mon safeword maintenant, et n'est-ce pas, précisément, la bonne conduite à adopter ? »

[14] Piquer légèrement le membre avec la pointe d'une aiguille semble être un moyen plus sûr de tester l'engourdissement chez une personne qui cherche à la cacher – l'absence de sensibilité confirmant le danger.

[15] Les conséquences liées à une trop longue interruption de la circulation sanguine peuvent être dramatiques.


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