Fioriture Fioriture Fioriture
Symbole BDSM
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Parler du SM ?

Dois-je dire à mes amis que je suis amateur de SM ?

Je ne ressentirais aucune satisfaction à dominer une femme qui n'aimerait pas la soumission… je n'aurais pas de plaisir sans la conscience d'en donner… l'emboîtement des voluptés, en somme ; faire l'amour… des mots bien jolis, pour décrire des pratiques barbares où l'on voit une soumise enchaînée bafouiller son « oui maître » tant bien que mal au travers d'un ridicule bâillon-boule, à l'adresse d'un quidam bedonnant qui, vêtu de cuir, s'affaire à singer la toute-puissance.

Alors, que dire ici, à l'attention d'un lecteur qui ne serait pas attiré par le SM, pour l'amener à réaliser que je ne fais rien de mal, que je ne mets personne en danger, et lui crier mon bonheur ?
Au fond, pas grand-chose… Je pourrais faire un parallèle avec l'homosexualité, tout simplement, afin d'anticiper sur ce qui pourrait choquer mon interlocuteur et ainsi lui faire mieux entendre mon propos… J'ai rencontré pas mal de couples gays dans ma vie, et je ne les ai pas mal jugés ; je n'ai pas eu pitié d'eux, ni peur, ni compassion, et c'est peut-être ce message que je souhaiterais communiquer à mon égard[15].

Quels ont été les impairs de ces amis gays, dans le dialogue ? Les détails. Pourquoi diable m'ont-ils parlé d'hémorroïdes, par exemple, je n'avais pas besoin de ce genre de précision.
Alors, pourquoi irais-je parler de collier, de bâillon ou de pitons dans les murs à quelqu'un qui n'en a rien à faire, de mes salades, mais m'apprécie et désire simplement savoir que je vais bien, quelqu'un à qui je souhaite faire entendre, moi, que le SM peut être une pratique honorable, pas forcément dangereuse, ni sale, ni ridicule, quelqu'un à qui je veux dire que j'ai tout bonnement réalisé mes rêves de gosse, que je vis une histoire formidable, que j'entretiens une relation incroyablement privilégiée, un partage merveilleux avec la femme que j'aime ?

Pourquoi le lui dire, d'abord ?
Parce que même sans prôner l'ostentation, les instincts SM transparaissent affreusement auprès de l'entourage. Sans parler d'un oubli d'accessoire dans un coin, d'une marque de collier ou de menottes qui se voient encore le lendemain, il semblerait que les amis proches devinent ou suspectent votre nature SM – je l'ai souvent constaté à mon détriment. Et bien sûr, ils s'inquiètent, on décèle parfois des messages cachés, on se sent vu différemment.
Ensuite, il y a le côté pratique… deux partenaires gays qui emménagent en couple doivent se sentir drôlement libérés, le jour où enfin ils vendent la mèche à leurs proches (sans donner de détails) : fini, les suspicions, terminé, les plans où l'on veut présenter à l'un une copine célibataire, à l'autre, un appartement séparé… personnellement, j'aimerais bien, moi aussi, ne pas me gêner de croiser une connaissance alors que je reviens d'une soirée un peu spéciale, ou ne pas me soucier outre-mesure d'éventuels indices que je pourrais laisser de ma relation SM… partager mes joies, aussi, raconter un peu cette surprise qui m'attendait le matin de mon anniversaire – ou devrai-je emporter ce souvenir avec moi dans la tombe ?
Enfin, il y a le mensonge. Se débarrasser du mensonge ; ne plus avoir à inventer des prétextes pour s'assurer à l'avance que l'on ne sera pas dérangé à telle date, ne pas devoir trouver de justifications scabreuses pour expliquer une indisponibilité, une rencontre inopinée[16]
Et au-delà de tout ça, lever de sa vie un voile que l'on a dû maintenir des années durant à l'égard de ses amis les plus intimes, dissiper un brouillard que l'on a entretenu afin de leur masquer tout une partie de cette vie qu'on s'enorgueillit pourtant de partager avec eux… Moi qui me suis cru malade pendant tout ce temps sans le révéler à quiconque, je n'ai pas davantage pu partager mon sentiment de guérison avec ceux qui me sont chers. Je me suis accepté, j'aurais certainement souhaité qu'ils m'approuvent dans cette voie, qu'ils comprennent et valident ma décision…

Que dire ici alors, comment décrire un peu ces expériences, ce que j'aime dans le SM, sans mentir, sans omettre de détails mais en veillant à ce que ceux-ci ne choquent pas trop ? Comment lever ce drap de ma vie sans que ce que je dévoilerai n'occulte tout le reste aux yeux de mes proches, comment exprimer ces pensées en évitant les formules propagandistes allégoriques que l'on trouve partout ?[17]
Essayons. Et parlons de ce que j'aime dans le SM en l'appelant BDSM…[18]

 

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[15] Je parle pour moi. Je ne me ferai surtout pas l'étendard de tous les adeptes du SM, car on y trouve tout de même – comme parmi les amateurs de Bordeaux – beaucoup de gens qui le pratiquent à l'excès, ou d'une manière dérangeante à mon sens.

[16] Pour être honnête, si ces points-là avaient de l'importance quand j'étais plus jeune, je dois dire qu'ils en ont beaucoup moins dans ma vie d'adulte.

[17] « l'exploration de rivages merveilleux », « emporter sa belle dans des contrées inexplorées pour ensemble s'émerveiller devant les portes de l'inconnu qui s'ouvrent et dévoilent la beauté de paysages nouveaux, mystiques et enchanteurs »… sur les sites BDSM, les générateurs de phrases poétiques qui ne veulent rien dire semblent à l'honneur. Le bon point, c'est que toute cette propagande témoigne d'un enthousiasme réel. Le mauvais, c'est que certains peuvent croire y lire le cautionnement de leurs propres pratiques dangereuses.

[18] Comme expliqué précédemment, l'appellation BDSM est un peu, aux amateurs de SM, ce que le qualificatif gay est aux homosexuels. On trouve partout les explications et convictions de chacun sur le sens du terme, son origine, les nuances qu'il représente… Tout diverge, sauf le message de fond : « Je ne suis pas SM, je suis BDSM », et chacun y va de son explication sur ses goûts propres. Point de sémantique ici ; je ne vais pas prétendre parler du BDSM, mais reproduire sciemment ce que beaucoup font inconsciemment, en utilisant ces quatre lettres comme une variable signifiant modestement ce qui m'attire dans le SM.


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