Lectures BDSM et fétichistes
Je vais ici me retenir
de parler de ces auteurs que j'adore, pour me contenter de
coucher mes opinion sur des lectures orientées BDSM...
Une petite remarque quant aux livres cités ici : si la majorité d'entre eux se trouvent dans les catégories "érotiques" des revendeurs ou des éditeurs, pour ma part je les classerais plus simplement au rayon "pour adultes". À quelques exceptions près, les meilleurs romans cités ici ne m'ont en effet pas procuré excitation d'autre nature que celle liée à n'importe quelle lecture de qualité, avec parfois l'intérêt de provoquer en moi des réflexions intéressantes sur le sexe ou le SM, qui justifient leur place ici.
Mes commentaires se veulent brefs. Ceux qui voudront en savoir davantage sur une œuvre ou une autre trouveront facilement plus de détails sur la toile ou chez leur libraire. Afin d'offrir rapidement une autre opinion que la mienne, je vais toutefois lier ici les articles qu'ont publié Aurora ou Bricabrac sur certains livres, puisque nous semblons avoir des lectures communes, et que j'apprécie souvent leurs points de vue...
Enfin, pour des lectures plus sérieuses (et, je le déplore, de bien meilleure qualité que celles citées ici), certaines de mes références sont disponibles dans la section BDSM de ce site.
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Monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort
Murakami Ryû
Attention, chef-d'œuvre. Je ne sais pas si je recommanderais les trois livres résumés ci-dessous à quiconque tant leur lecture, nécessairement interactive, se fait personnelle et intime au fil des pages. Certains détesteront, les autres en sortiront bouleversés, ébahis par le talent de Ryû Murakami, estomaqués par une vision de la vie aussi belle que désespérante... à réserver aux adultes. |
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Monologues sur le plaisir,
la lassitude
et la mort :
Ecstasy
Murakami Ryû
Yazaki, le Maître... Keiko la dominatrice, soumise au Maître. Reiko la fragile, esclave du Maître, la seule qui ait mis celui-ci et Keiko en danger. Un trio surhumain aux destins enchaînés, qui perdure en dehors du temps et de l'espace, entre Tokyo, Paris, et New York.
C'est Miyashita qui, dans ce premier tome, va nous raconter sa lente immersion dans l'univers des trois. Brûlé aux ailes d'avoir rencontré Keiko, la chûte sera pour lui inéluctable. Il se sait perdu, mais dès les premières paroles de Yazaki, il est déjà trop tard.
Volupté, drogues, plaisirs du sexe, de la domination et de l'argent pour ce premier volume de la trilogie. |
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Monologues sur le plaisir,
la lassitude et la mort :
Melancholia
Murakami
Ryû
Une journaliste japonaise, Michiko, rencontre à New-York un homme, en apparence SDF, nommé Yazaki.
Le SDF va lui raconter sa vie, la vie, et un lent passage de pouvoir va s'opérer entre une jeune femme apparemment sûre d'elle, et un homme qui semble ébranlé, perdu dans les drogues et la mélancolie de sa décadence..
Récit d'une vampirisation, ce second volume nous plonge dans les réflexions du Maître sur les plaisirs, les absurdités, et les cruautés de la vie. |
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Monologues sur le plaisir,
la lassitude
et la mort :
Thanatos
Murakami Ryû
Un photographe japonais installé à Cuba rencontre une jeune femme qui vient d'y débarquer. Son corps est maigre, elle a un visage de manga et une voix de présentatrice d'émission pour enfant, et elle est manifestement atteinte de folie.
La jeune femme se prénomme Reiko. Elle est là pour attendre le Maître.
Ce dernier volet de la trilogie, récit en miettes d'une vie brisée, monologue de la mort, ne cesse d'évoquer à mon esprit le lever du soleil sur le Sahara...
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Martin Roi
François
Prunier
Un roman léger par l'écriture et cruel par l'émotion qu'il dégage, que j'ai découvert grâce à Aurora après avoir rédigé ma Révélation SM...
Martin, enfant, se découvre rapidement des pulsions différentes. Martin, adolescent, sombre dans le désespoir du déviant. Martin, jeune adulte, rêve toujours de se faire piétiner par des chaussures féminines, et songe à l'histoire d'amour idéale... il la vénérerait, elle le mépriserait, il rentrerait le soir à la maison pour se faire gifler, et ce serait si bon...
Martin regarde parfois la fenêtre, et se demande s'il ne ferait pas mieux de s'y projeter.
Une écriture simple et fluide, pour une lecture bouleversante de quelques heures dans laquelle les désespoirs de la déviance sexuelle sont abordés avec franchise et réalisme.
Au regard des critiques sur ce premier roman de François Prunier, il faudra encore beaucoup de temps avant que des lecteurs non avertis en viennent enfin à se dire : "mon enfant pourrait être ce Martin." |
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Lignes
Murakami
Ryû
Si ce roman de Murakami n'est pas aussi directement orienté vers les rapports SM que les monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort, les références aux milieux fétichistes de Tokyo n'y sont pas moins présentes, et... quel roman !
On saute de personnages en personnages au fil de la nuit, pour se plonger dans l'intimité de l'un, la réalité ou les angoisses de l'autre, et l'on sort du voyage avec une gueule de bois terrible - sensation de se réveiller victime du jet-lag après un vol vers une destination lointaine, effrayante et parfois si proche...
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Soumise
Salomé
J'ai adoré ce livre, retranscription de la correspondance entre Salomé et Mastermind qui nous fait pénétrer une intimité parfois terriblement dérangeante. Certains liront entre les lignes, pour retrouver des doutes, des disputes, des joies et des malaises, de ces mensonges qu'on peut se raconter à soi-même pour justifier certains actes, et découvrir l'amour de JP pour sa belle. D'autres n'y verront que le récit de pratiques extrêmes, de jalousies terribles et de malaises sous-jacents. Les premiers se régaleront. Les autres resteront sur leur faim, déçus par l'absence d'érotisme - ce n'est pas le but ici - ou par une relation difficile à comprendre lorsqu'elle est vue de l'extérieur. |
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Le lien
Vanessa Duriès
Celui-là, je ne l'ai pas aimé du tout. Je me souviens cet hommage que Dèmonia avait rendu à Vanessa Duriès, il y a bien longtemps, lorsqu'un accident automobile l'emporta. La personne était probablement merveilleuse, mais son livre m'est apparu terriblement creux. Une heure et demie de lecture où aucune profondeur ne se décèle chez les protagonistes ; Vanessa évoque - toutes les trois pages et sans plus d'explications - l'amour comme justification de ses actes, et de Pierre on n'apprendra rien, sinon qu'il est le plus expérimenté de tous les dominateurs.
Dommage. Cerise sur le gâteau, certains passages se veulent soudain naïvement érotiques, qui tombent comme une fraise dans un champ de patates, et viennent encore ajouter à la confusion de l'ensemble...
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Dolorosa soror
Florence Dugas
Quel style ! La violence poétique de la narration réussit l'incroyable exploit d'outrepasser celle des faits relatés - pour rejoindre, peut-être, la violence des sentiments évoqués ici... en fermant ce livre, le sang coule des mains et du coeur.
Que dire de ce récit ? Du Murakami Ryû parisien, croisé avec le Djian de 37°2... une atmosphère terrible, retranscrite avec des mots si justes que l'on s'y plonge profondément. Du SM, du début à la fin, oui... mais non. On est au delà.
Florence écrit, JP annote, les deux captivent, et Nathalie, Marilou de Gainsbourg, décrit des volutes sous les plumes de leurs souvenirs.
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L'Évangile d'Éros
Florence Dugas
Je n'ai rien compris à ce roman. Je pense que je ferais mieux d'en parler le moins possible, et simplement partager ma surprise...
Je trouve que Florence Dugas écrit très bien. Voilà. Quant au mauvais côté... dès les premières pages, et peut-être est-ce là le tort, j'ai eu l'impression de tenir entre mes mains un livre fait pour être tenu à une main seulement... un style se voulant érotique qui m'a paru complètement déplacé, une histoire que j'ai trouvée sans queue ni tête, un lyrisme défaillant... rien à voir avec Dolorosa Soror.
Par opposition, je le répète, j'ai trouvé le style littéraire très bon... alors, il doit y avoir un truc qui m'a échappé. Voilà...
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Entre ses mains
Marthe Blau
La déchéance d'une femme tombée dans les mains d'un manipulateur(*) en qui elle désire voir son Maître… Un style d'écriture moyen à mon goût, pour un récit terriblement réaliste, intime et vrai, dont je recommanderais la lecture sans hésiter.
Aucun détail n'est ici épargné de ces abîmes dans lesquels la force de l'envie peut plonger l'être humain, de ces fausses justifications, de ces mensonges que l'on peut se raconter à soi-même, ni de ce que l'espoir peut pousser à accomplir de plus avilissant.
(*) Manipulateur : personne désespérée qui ne peut rien recevoir que ce qu'elle s'approprie, et rien semer d'autre que son désespoir. Lire la note d'Aurora |
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Frappe moi !
Mélanie Muller
Affreux… un style d'écriture naïf et horripilant, façon Livre dont vous êtes le héro : le personnage féminin raconte l'histoire en tutoyant le lecteur, comme s'il était ce manipulateur triste et alcoolique (dont nous a déjà parlé Marthe Blau dans Entre ses mains – oui, pas de chance, elles ont rencontré le même). Une histoire aussi creuse que ses protagonistes ; aucun intérêt, rien . Heureusement, ça se lit et ça s'oublie en deux heures.
Lire la note de Bricabrac ou d'Aurora
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Histoire d'O
Pauline Réage
Je devais avoir 16 ans quand j'ai lu Histoire d'O, et à l'époque, c'était d'une main... je vais le relire, et je reviens. |
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Le Sadomasochisme
Hans-Jurgen Döpp
Un livre trouvé au hasard d'une promenade au Halles de Paris, en compagnie de ma douce chatte... une promotion dans laquelle je ne plaçais que peu d'espoir, et pourtant...
Döpp n'est pas le premier venu : professeur d'université en interprétation psychanalytique et histoire culturelle de l'art érotique (?!), possesseur d'une collection d'objets d'art érotique qui fait référence en la matière, il nous sert là une petite étude sur le SM bien plus profonde qu'elle n'y paraît, en l'agrémentant de nombreuses estampes, gravures et photographies issues de sa collection personnelle.
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La nouvelle Justine
Sade
C'est une conséquence directe de mon éducation culturelle, sommaire et tardive : les belles lettres me trouent le cul. Je tremble d'admiration à la lecture de Flaubert ou Stendahl, je jubile sous Les liaisons dangereuses, alors Sade...
Quelle plume. Et quels délires.
Pour résumer ce roman, je m'approprierai les mots du premier qui me le conseilla : "À chaque pas qu'elle fait, l'innocente Justine se fait violer, fouetter, pisser dessus pendant quatre pages. Puis l'on découvre que les brigands sont en fait des philosophes, et pendant les dix pages qui suivent, on suit leurs dissertations sur la vie tandis que Justine pleure, attachée à son arbre. Et ainsi de suite. C'est génial." |
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La vénus à la fourrure
Sacher-Masoch
Voilà un roman que je n'ai jamais pu lire en entier. Chaque fois j'ai bloqué au premier tiers - aussi, tout ce que j'aurais à dire de ce premier tiers serait forcément négatif.
Cela dit, il semblerait que j'ai mal interprété certains passages, et jugé l'essence du roman un peu trop vite. Aussi, je place cette note ici, afin de me souvenir que ce livre injustement oublié dans mes toilettes, il me va falloir le ressortir.
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Dies Irae
Charles Bösersach
Au secours… un mélange très flou du monde de Gor (en mieux écrit que ce dernier, évidemment) et du notre, pour y lire, les uns après les autres, des actes qui ressemblent à ce que Sade imagina de plus immoral et saignant (ici infiniment moins bien écrit, naturellement).
Il y a peut-être – et sûrement, même – un message derrière cette histoire, mais il m'a complètement échappé… les viols, mutilations et autre dépeçages décrits à chaque page ont dû avoir raison de mon attention, occupé que j'étais à aller vomir entre deux chapitres… |
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