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Attacher sa soumise comme une fleur
On l'oublie souvent trop vite : le shibari est un art dangereux , qui ne laisse aucune place à l'improvisation. Ici, un petit rappel des précautions à prendre, si vous ne voulez pas finir aux urgences une soirée qui pourtant s'annonçait bien…
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1) Vous avez décidé ce soir de l'attacher à un poteau. Bien. Après vous être assuré que le susdit poteau tient raisonnablement en place (ne riez pas : on a vu plus d'une soumise tomber en emportant le totem auquel l'avait trop bien fixée les indiens, et certaines ont même fini assommées dans la chute), placez les premières cordes. Plusieurs tours ; bien aligner le chanvre, et finir par un simple nœud – précisément le type de lien qui s'utilise sans hésiter sur la matière morte d'un piquet, mais ne doit jamais être appliqué sur les chairs d'une belle plante.
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2) Approchez votre victime du poteau de torture, avec délicatesse. Inutile de l'y plaquer : si votre shibari est réussi, celle-ci ne pourra aller loin de toute façon. Plus vous lui laisserez de cette liberté toute relative, plus il sera réjouissant de la voir se débattre sous le vent.
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3) C'est là que tout se joue… quelques tours sur le membre choisi, réalisés avec la plus grande délicatesse : une habilité de chirurgien est parfois nécessaire pour parvenir à ne toucher que les parties concernées sans blesser les autres.
Le détail le plus important à ce stade est de parvenir à réaliser une ligature qui ne se resserrera pas lorsque la belle tirera sur ses liens (ce qui conduirait à couper la circulation de ses fluides vitaux), et qui, en plus, tolérera une prise de poids éventuelle de la part de votre douce : nul ne sait, après tout, combien d'heures, de jours ou de semaines vous la conserverez ainsi prisonnière…
Parlez doucement à votre soumise ; assurez-vous qu'elle se sent bien, qu'aucune gêne ne se fait ressentir aux articulations, rappelez-lui qu'elle peut à tout moment utiliser son safeword . Puis, avec beaucoup de ménagement, annoncez-lui la surprise de la soirée : ce soir elle ne sera pas seule…
Introduisez alors la nouvelle venue.
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4) Sensualité des contacts charnels… frustration de n'être pas, ce soir, le seul objet de vos désirs… perversité de la situation : que l'une tire sur ses liens, et c'est l'autre qui se retrouvera plaquée au poteau…
N'hésitez pas, et fixez solidement votre deuxième victime comme indiqué précédemment, en veillant à garder votre concentration : nombreux sont les dominateurs qui, pour avoir cédé à l'excitation du moment, ont négligé quelques précautions de base qui auraient pourtant évité de les conduire au désastre.
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5) Le résultat final : j'ai dû, dans un souci d'anonymat évident, couper les visages de mes deux princesses, mais notez la grâce de ces corps qui tirent désespérément sur leurs liens, la sensualité de l'opposition des matières entre ces chairs fragiles qui semblent inutilement crier « liberté ! », et le chanvre qui les maintient prisonnières – rudement, certes, mais toujours dans un contexte sûr, sain et consensuel*…
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6) Ici une réalisation tout autre, très difficile, pour un résultat dont je ne suis pas peu fier : un shibari sur une victime blessée (une triste fracture – mais qui a dit que le handicap interdisait la pratique du BDSM et du bondage ?), et un poteau de fortune rafistolé pour l'occasion. J'aurais aussi bien pu utiliser un sling , mais j'aime cette image de la soumise accidentée, soulagée par un matériel de fortune, qui va retrouver toute sa vigueur grâce au bondage et à un vieux piquet qui se meure…
* Pour être tout à fait honnête, la consensualité n'était là que pour mon modèle habituel, à droite… celle de gauche n'était, à la base, pas du tout d'accord : l'innocente passait là par hasard ; j'ai dû la kidnapper et user de la menace pour lui faire accepter ses liens. Ce qui a déclenché chez ma douce (à droite) une crise de jalousie terrible… au final, les deux sont, à ce jour, toujours attachées à leur poteau : je n'ai pas osé les libérer. Mais, grâce aux précautions que je viens d'évoquer, je peux dormir tranquile en sachant que je ne les retrouverai pas étranglées dans leurs liens au petit matin.
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