Fioriture Fioriture Fioriture
Symbole BDSM

Terrier BDSM, conduit numéro un: les fouet.

par darkleen{LS}

Le Single Tail


Une unique queue, composée de plusieurs lanières tressées, le Single Tail est un serpent au venin puissant…
J’ai encore beaucoup de mal à l’apprécier, car je le trouve beaucoup plus cinglant que ses cousins aux multiples langues ; j’ai besoin de faire plus d’effort pour appréhender, accepter et transformer les multiples douleurs qu’il procure ; en bref, il ne peut se comparer aux autres.

J’adore son claquement et son souffle, rien que ce son très chaud, sec et grave, comme chargé d’électricité me grise en quelques secondes alors que mon Maître ne m’a pas encore effleurée. Son souffle est magistral : c’est un serpent qui s’élance sur sa proie et qui siffle autour d’elle pour mieux l’hypnotiser, jouant avec elle afin de mieux la happer, au moment où elle s’y attend le moins.

Les multiples sensations proviennent à la fois de la force que mon Maître emploie à appliquer ses touches, et de la façon dont il fait se coucher son fouet sur moi.
Commençons par les frappes de la pointe du Single Tail, et de celles-là mes préférées, celles qui caressent à peine mon corps : j’ai l’impression de petites piqûres de moustique, tout de suite éteintes par ma peau qui les absorbe et les noie dans une sensation de chaleur douce et feutrée. Je ne ressens pas une sensation de massage, mais plutôt de fourmillement intense et bref, qui augmente mon sentiment de vapeurs et de tête qui tourne à l’infini.
Lorsque mon Maître augmente un peu la force de ses coups, mais sans paroxysme, le moustique devient alors serpent, et là c’est une morsure franche qui me transperce jusqu’à l’intérieur de mes os. Ce n’est pas désagréable, au contraire, mes sens ont du mal à comprendre ce qui m’arrive, et j’ai le sentiment d’être percutée par des billes brûlantes - mais de cette même chaleur soyeuse qu’auparavant créait ma peau pour absorber les piqûres. Je les laisse me fondre, et j’apprécie beaucoup quand les frappes touchent mon corps comme au hasard, aucune parcelle n’est oubliée, plus aucun pan de mon esprit ne peut plus s’échapper de cette hypnose, j’aurais presque envie de tournoyer sur moi même pour m’offrir au prédateur… alors qu’un moment plus tôt, encore effrayée par ce fouet dont le nom me glace, j’aurais donné cher pour que mon Maître choisisse pour moi un autre fouet ! Je crois que c’est aussi parce que j’en ai autant peur, que de le recevoir me semble impossible, mais que le subspace atteint est aussi intense et polymorphe - une fois devant le fait accompli, mon corps ne peut que se résoudre à accepter ce qui lui arrive, pour que la séance devienne une débauche de sensations fortes mais supportables, mais enviables, mais essentielles ! Et parce que je n’ai pas eu le choix de refuser, de passer outre, d’exprimer ma volonté, alors mon âme veut trouver plus vite la voie de son salut, alors mon esprit, dégagé de toute responsabilité dans cette aventure, veut s’envoler encore plus vite et encore plus haut, alors mes sens s’étiolent et je sombre dans une ascension vertigineuse, colorée, fourmillante, chaude, immatérielle et enveloppante.
Dans cet état, vous comprenez bien que je ne sens plus véritablement les attaques du serpent ; si mon Maître augmente encore sa force, je reviens partiellement à la réalité. Mon esprit divague, certes, mais mon corps est à nouveau conscient, de ses limites, de la douleur (point encore exquise car le travail de transformation n’est pas encore mis en place), de son entourage proximal (les flots de musique, les mouvements de mon Maître, ma position par rapport au sol, aux chaînes, les bruits du fouet), des traces des anciennes frappes. C’est pourquoi je peux vous décrire les effets du Single Tail appliqué à forte puissance, où chaque coup est un déchirement de mon corps. Je m’explique : lorsque l’extrémité de la queue touche ma peau, ce n’est pas sa surface qui ressent le choc, mais l’intégralité de mes tissus et ce, jusque de l’autre côté de mon corps. Ainsi, je ressentirais un coup sur la fesse au niveau de l’aine ou du bas du ventre, tout en brûlure vive, qui s’estompe très lentement, laissant une traînée de type « raclement du côté vert de l’éponge », associée à un frémissement des tissus qui ne savent plus s’ils doivent se contracter sous la douleur ou se détendre pour la laisser glisser sans lui laisser prise. Petit à petit, les coups s’effacent derrière la pensée que je ne peux y échapper, et que, quoi que je fasse, la douleur sera toujours là : mon corps adopte alors la seule technique qu’il connaisse pour ne plus ressentir le moindre mal, il se transforme en quelque chose d’inconsistant et d’irréel, sans essence, sans contour, sans liens avec lui-même et ce qui l’entoure…C’est le deuxième voyage que m’offre mon Maître dans les tréfonds du subspace. Celui-ci est très différent du précédent, il s’agit plus d’un voyage en forme d’introspection d’une lourdeur étonnante ; je circule dans un corps que je ne reconnais pas, que je ne comprends pas ; je cherche en moi une pensée propre, un éclair de lucidité sur ce qu’il m’arrive, et je ne trouve que des bribes de souvenir que je revis de l’extérieur comme un fantôme assistant à des scènes trop étrangères pour qu’il puisse s’y intégrer. Je ne réintègre mon enveloppe que si mon Maître fait une courte pause : frappes moins fortes, ou différentes : avec le corps de son fouet, ou lorsqu’il s’approche de moi en m’entourant de son corps, me demandant des informations sur mon état. Je ne me souviens jamais de mes réponses, j’espère toutefois qu’elles sont suffisamment reconnaissantes et respectueuses, mais mon Maître ne m’en a jamais fait remarque…

Je crois qu’il est temps de passer au second aspect des frappes, lorsque ce n’est plus l’extrémité qui touche, mais le corps du Single Tail. Même si la force qu’emploie mon Maître n’est pas d’une importance marquée, j’ai l’impression d’être coupée en deux à l’endroit où se pose le fouet. C’est net, d’une précision atroce et fulgurante ; c’est vif, il n’y a aucun effet secondaire durant dans le temps mis à part le sentiment que ma peau est éclatée sur toute la longueur du trait. Au fur et à mesure que le Single Tail revient sur un endroit déjà touché de cette façon, je n’ai plus l’impression d’être découpée, mais au contraire que mon Maître est en train de verser entre les morceaux de mon puzzle un ciment bouillonnant pour ressouder mon corps. Je suis entre ses mains une statue de chairs annihilées et flottantes, et son amour me forge à son plaisir, je reprends vie dans son creuset étrangement apaisant. C’est à ce moment que je pars à nouveau : je ne suis plus moi, je ne suis plus que sa chose, son jouet, je n’existe que par ce qu’il fait de moi ; mon esprit à mille lieux de là ne s’offense ni ne se rebelle plus à ses coups, voire les espère, les désire, les attend, les demande encore et encore pour pouvoir rester dans ce merveilleux monde chatoyant où plus rien d’autre que ce serpent ne le touche.

Voici le venin magnifique du Single Tail : je le crains pour ce qu’il me renvoie de négatif, à savoir ma peur incontrôlable de le sentir en moi ; tout autant je le veux pour l’évasion dans le ciel chatoyant, brillant, des sens évadés au-delà du réel, pour l’amour de mon Maître que je vis alors plus profondément que jamais.

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